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Livre signé

Piccola Russia

Andrea Alessandrini

Witty Books

Sélectionné pour le prix du premier livre. Paris Photo - Aperture Foundation Photobook Awards 2021

Date de parution : 15/03/2021
96 Pages / 11 x 19cm / 500 exemplaires
Design par Antonio Xoubanova
ISBN 9791280177049

On dit que cet endroit, où vous vous trouvez, était autrefois sous la mer. Puis l’eau s’est retirée et a laissé de l’argile derrière elle. Une montagne d’argile. Et il y avait des marais sablonneux, avec des plantes et des arbres. Un parc surplombant la vallée. Maintenant le ciel est noir et la fumée des fours recouvre tout. Des millions de briques prennent forme. Il y a cent ans, le village des ouvriers du four s’est développé autour des cheminées. C’est la Vallée de l’Enfer. Et c’est ma maison.

Une seule route mène ici, et dans un endroit aussi isolé, il est difficile de croire que nous sommes à Rome, la ville qui grandit avec nos briques. Mais la dôme de Saint-Pierre est toujours là pour nous le rappeler. On peut l’apercevoir depuis le mont Ciocci, et les nuits d’été, il brille au clair de lune. Faites un vœu et lancez une pierre – si vous l’atteignez, votre vœu se réalisera.

Riccardo Veschi n’est pas comme les autres. Pour ses ouvriers, il est presque un père. Pas un des patrons, mais un homme digne de respect. Comme le travail, qui vous use les mains et vous laisse parfois le souffle coupé. Lénine, dans l’un de ses discours, a parlé de la vallée comme d’un modèle de vie communautaire et l’a appelée « Petite Russie ». Mais c’est peut-être un mythe. Je ne peux pas vraiment croire que Lénine, avec tout ce qu’il avait à faire… 

Les bébés naissent. Ils grandissent, suspendus au cou de leur mère, tétant le lait et l’argile. Il fait si chaud près des fours. Je me souviens encore de l’odeur, du goût riche et aigre dans ma bouche, et de la sueur.

Puis, une par une, les cheminées cessent de fumer. Beaucoup de gens partent. Et un jour, les bulldozers du Conseil arrivent. Mon père crie, puis il pleure tandis que les maisons du village s’effondrent comme si elles étaient bombardées. À leur place, ils nous donnent de nouveaux appartements à louer, dans les immeubles du Conseil. Quelqu’un les appelle “boîtes en carton”, comme si une boîte pouvait avoir douze étages. Mais j’ai encore une brique de la chambre où je suis né.

Moins de 40 ans se sont écoulés et les bulldozers sont de retour, juste devant la salle paroissiale. Cette fois, c’est pour le nouveau grand centre commercial : 15 600 mètres carrés de verre, de portes coulissantes et d’étagères. Un hypermarché, 58 magasins, 10 restaurants et une librairie. Il y a même une salle de sport.

Aujourd’hui, un filet de fumée s’élève encore du cœur du vieux village. Une boulangerie fait des dizaines de miches de pain chaud et croustillant. Mais le pain frais, comme nous le savons tous, devient rapidement dur et immangeable.

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