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La vie en photographie

Mathieu Pernot

GwinZegal

Date de parution : 01/05/2023
Poids 600 g / Dimensions 15 x 21 cm / 160 pages
ISBN 9791094060407

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Les faits : l’intuition précoce d’un des directeurs du musée de Bretagne qu’il se joue aussi quelque chose de fondamental aussi dans la photographie appliquée de studio — et la décision de collecter massivement des fonds de photographes professionnels qui exercent le métier du portrait. Ils ont pignon sur rue ou sont ambulants, et depuis la fin du XIXe siècle, ils répondent à cette attente populaire et figent les instants la vie, mariages, communions, dans des portraits de famille qui, accumulés, écrivent une autre histoire de la photographie et de la société. Ces photographes sont tout en bas de la hiérarchie établie de l’art. Ils répondent à la commande, ils sont aussi commerçants. Mathieu Pernot partage très tôt l’intuition de Walker Evans que dans ces pratiques vernaculaires, il y aurait à l’œuvre une forme de vérité moins condescendante, non pas écrite par les savants mais par les gens qui l’éprouvent au quotidien. Dans ses premières séries sur les Gitans à Arles, Mathieu Pernot a déjà eu l’idée de s’approprier un procédé populaire et de collecter les photomatons réalisés avec la complicité joueuse des enfants. Poussant jusqu’au bout cette inversion de la hiérarchie, il retrouve aujourd’hui ses photographies « d’artiste » découpées dans des médaillons ou encore exposées en plein air sur les pierres tombales du cimetière d’Arles. L’art et la vie se sont mélangés.

Ce sont donc plusieurs centaines de milliers d’images de ces studios de village qui ont été collectées par le musée de Bretagne. La photographie a très tôt été liée à ces rituels familiaux parfois périmés, comme la communion — ou bientôt le mariage — et est devenue elle-même part du rituel puis rituel, demeurant souvent son unique témoignage. Les photographes n’œuvraient pas à des milliers de kilomètres de chez eux mais bien souvent au coin de la rue, et tentaient de répondre à un cahier des charges implicite. L’image devrait rester pour l’éternité, le sourire et les dents brillantes du selfie n’étaient alors pas la norme. Les vêtements étaient choisis et la pose composée. Quelques attributs parfois pour montrer la réussite ou le métier du client. La lumière pas trop cruelle, sans être aussi pictorialiste que celle des portraits bourgeois du XIXe. Le sujet net et centré, le fond selon la situation, la mode du moment, les envies ou les possibilités. L’image faisait société aussi, elle allait participer à la création du mythe de la famille et figeait des relations qui se voulaient fortes — et parfois l’étaient. Dans une succession de portraits choisis parmi des milliers, il reste la sensation du temps qui nous échappe, de la fragilité et du vieillissement des peaux ou des visages qui se creusent. Et enfin la force du regard qui se fige et défie l’éternité.

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