En photographiant, sur une décennie, l’adolescence de sa sœur Julia, Antoine Seiter témoigne du langage que peut développer un visage en reposant sans cesse la question du portrait. Le récit de Julia est interrompu par celui du jeune Achille, héros de la nouvelle de Marc Faysse. Parallèle au travail photographique dans la thématique du passage à l’âge adulte, le récit est une histoire d’amour homosexuel porteuse d’émancipation.
Antoine Seiter est né dans un village du Loir-et-Cher. Pendant ces études, il revient régulièrement chez ses parents et commence à photographier sa sœur cadette, Julia (J). Le projet, débuté en 2008 se poursuit encore aujourd’hui. Ce livre imprime une étape, une douzaine d’années témoignant de l’enfance, l’adolescence et du passage à l’âge adulte de sa sœur. La séquence est marquée par un accident, les changements du corps et le travail. Elle témoigne surtout de la relation entre le photographe et sa sœur. Ce face à face nous dévoile les multiples facettes de son visage, l’ouvert et le fermé. C’est à dire la capacité du visage à se connaître, reconnaître et dialoguer avec l’autre.
C’est également d’altérité qu’il est question dans la nouvelle de Marc Faysse, autre versant du livre. L’auteur propose une histoire d’amour estivale entre deux jeunes hommes, Achille (A), c’est lui le narrateur, et Augustin. L’ambivalence de la nouvelle réside dans la façon dont les interactions entre Achille et Augustin témoignent de leurs sentiments mais aussi de leurs choix de vie. La fierté homosexuelle d’Achille est un vecteur d’émancipation qui finit par avoir raison de l’idylle amoureuse.
Achille rejoint Julia, en plongeant dans l’âge adulte, il et elle nous questionnent dans notre rapport au monde.