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Le dramaturge allemand Heiner Müller a observé que l’histoire allemande se trouve comme étouffée par une couverture de rhumatisme : sous la chaleur et la stagnation, juste assez pour donner l’impression que tout va bien, tandis que les périphéries sont gelées. Les photographies de Georg Kussmann ont été créées sous cette couverture métaphorique. Réalisées en République fédérale d’Allemagne au cours d’un seul été, elles dépeignent des scènes quotidiennes de la vie, du travail et des loisirs sous lesquelles des menaces de mécontentement et de violence mijotent. Parfois, ce malaise est explicite sous la forme d’actes physiques ou de slogans graffitis, mais le plus souvent il est étrangement supprimé.

Georg Kussmann a réalisé ces photographies en explorant son pays d’origine à pied, dormant dans les rues et souvent poussé à continuer à bouger par la peur autant que par la curiosité. Réunis dans une séquence longue et déterminée, ils décrivent un lieu pris entre le poids du passé et les exigences du présent. Évoquant les histoires particulières de l’éthique du travail, des diktats et des acronymes allemands, Kussmann adopte une approche tenace mais toujours subtile de l’Allemagne contemporaine et des façons dont elle lutte pour se comprendre.