Design as an Attitude
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Date de parution : 01/05/2023
Poids 310 g / Dimensions 16 x 24 cm
ISBN 9782493509086
« Les travaux d’Alice Pallot sont en cela emblématiques d’une sensibilité qui hérite d’un grand principe conceptuel : mettre le processus de création au rang d’une narration expressive. Et ne pas hésiter à faire de ce qui est donné à voir une sorte d’émerveillement. Ces composants nécessaires à la fabrique d’une fable contemporaine — l’aventure et la découverte menée en terrain inconnu — rappelle cette forme primitive de la science fiction que la littérature du XIXe siècle a connu sous l’expression de “merveilleux scientifique”. Cette littérature conjecturale permettait de créer des tableaux dystopiques du monde, des récits d’anticipation au sens où s’y croisait une idée d’un futur hanté par les spectres du passé : une esthétique de la consomption, où l’humain avançait dans l’intranquillité et l’épuisement de sa propre espèce. »
Michel Poivert
La prolifération des algues vertes sur les côtes bretonnes est devenue un enjeu environnemental majeur. Depuis de nombreuses années, ces « algues maudites » envahissent le littoral. Alice Pallot intègre la notion d’anticipation dans le médium photographique en capturant un phénomène naturel : la réalité des environnements anoxiques, dans lesquels nous ne pourrions pas survivre en tant qu’êtres humains et en les imprégnant d’une imagination de science-fiction. En jouant sur les éléments d’incertitude qui accompagnent l’anticipation d’un avenir proche, il donne au spectateur les clés de la lecture pour investir dans la remise en question essentielle de la préservation des écosystèmes face à son exploitation et au déclin imminent de la biodiversité.
Un texte de Michel Poivert accompagne les images d’anticipation d’Alice Pallot. Il prend la voix d’une IA en 2056 et en décrit une fable écoscopique dans le future. En voici un extrait :
« Le vecteur de cette régénération de la photographie a été l’intérêt suscité pour de nouvelles représentations du vivant dans le monde abimé de l’anthropocène. Quelques théories embryonnaires ont parlé de biophoto ou de photographie vivante mettant en œuvre des hybridations entre bactéries et émulsion photographique, observant alors les phénomènes de bio-construction des représentations. Le décentrement radical opéré par la désanthropisation a permis de considérer ces représentations comme concrètement universelles. L’exemple des travaux d’Alice Pallot, et singulièrement Algues Maudites, a Sea of Tears proposant une analyse du phénomène d’eutrophisation des côtes marines a été particulièrement remarqué au début des années 2020. La fertilisation non consentie des eaux marines et la prolifération des “ulves” a été le point de départ d’une recherche militante dénonçant une pratique née de la surconsommation et de la pollution. Le paradoxe à l’œuvre est alors le suivant : ce dérèglement biologique passe par la prolifération du végétal, par ailleurs souhaité comme dans les efforts produits pour la reforestation. Cette “dialectique verte” a fait l’objet de nombreux débats. »