Giasco Bertoli est photographe et artiste, il transforme la beauté brute et simple d’une mythologie quotidienne en quelque chose de classique, de magique ou peut-être même de sophistiqué.
Une vision de l’ordinaire que nous ne voyons parfois plus. Lors de notre rencontre, il m’a transmis cet extrait de texte d’Oscar Wilde : « Quand je regarde le paysage, je ne puis me défendre d’en voir tous les défauts. Il est heureux pour nous, toutefois, que la Nature soit si imparfaite, car, autrement, nous n’aurions pas d’art ». Son travail interroge depuis des années notre rapport à la réalité, au paysage, à la mémoire et à l’imaginaire. Il explore comment ces éléments transforment notre perception du quotidien et de l’ordinaire, nous invitant à nous laisser surprendre par ce que nous pensions connaître. Giasco Bertoli nous étonne et nous inspire par ses explorations au long cours et ses déambulations à travers le paysage. Au détour d’un chemin, d’une grille ou d’un arbre, il capte l’inévitable passage du temps, le sentiment d’oubli et d’abandon, tel un plan séquence capturant la trace des lieux traversés. Ce qui demeure, c’est l’obsession de l’existence, la récurrence de ce qui fut, l’absence de présence humaine, une constante que l’on retrouve également dans les séries des courts de tennis à l’abandon qu’il explore inlassablement depuis plus de 25 ans.
Son regard s’attarde sur les traces de l’interaction profonde entre l’homme et ses constructions devenues les symboles de notre mémoire collective. À l’image des menhirs de Bretagne, ces pierres anciennes, seules, égarées au détour d’un chemin deviennent sous son objectif les vecteurs d’une quête, sans pour autant renier le bonheur que peut inspirer le romanesque de la rencontre et de la découverte. Les menhirs, par leur stature imposante, rappellent à la fois un lien avec nos ancêtres et une aspiration vers quelque chose de plus grand, de spirituel, évoquant la transcendance.
Giasco Bertoli réinterprète ces éléments dans une réflexion poétique sur le paysage et l’identité humaine. Confrontant l’ancien et le contemporain, le spirituel et le matériel, et fasciné par la ‘beauté de l’indifférence’, il nous pousse à interroger les récits que nous créons et les réalités parallèles que nous habitons. Son œuvre devient une invitation à les explorer, à les méditer.
— Christoph Wiesner.
L’exposition est accompagnée du numéro 22 du journal Roses Tatouées, soutenu par delpire & co. Il contient une sélection de 18 photographies. Ce journal, publié depuis 2002, a accueilli des nombreux artistes contributeurs, c’est la mémoire vivante d’une forme de projet artistique sans fin.