« Grâce à Kim, je n’ai jamais cessé de travailler autour de la question du genre », Bettina Rheims
La rencontre avec Kim Harlow, femme transgenre danseuse et meneuse de revue de cabaret, a fortement impacté l’œuvre de Bettina Rheims au début des années 1990. Tandis que la série Modern Lovers (1990), présentant les premières images de Kim, connaît un succès international, celles de Kim (1991) et Les Espionnes (1992) sont restées plus confidentielles. L’exposition met en regard ces trois projets et retrace la relation d’amitié entre Kim Harlow et la photographe tout en rendant compte de ses questionnements autour de l’identité de genre dans le contexte des années sida.
En janvier 1991, Bettina Rheims réalise une série de photographies avec Kim Harlow qui se prête au jeu de « redevenir » Alexandre d’après un scénario imaginé par la photographe. Cette relation de confiance réciproque mène à un projet d’édition pour lequel Kim Harlow, qui décède en 1993 des suites du sida, laisse un enregistrement vocal ainsi qu’un manuscrit, témoignage rare traversé par la question de la vérité et de l’authenticité. Paru en 1994, le livre Kim évoque d’emblée, par son titre et son format, la teneur de son contenu : celle d’une œuvre profondément intime qui donne au récit de Kim Harlow une place centrale, renversant l’idée du livre de photographie pourtant essentielle chez la photographe.
À l’occasion de cette exposition, l’Institut pour la photographie et les éditions delpire & co publient Kim Harlow, récits, le troisième opus de la collection des Carnets et le premier qui soit consacré au travail de Bettina Rheims. Cet ouvrage, qui revient sur la relation privilégiée de Kim Harlow et de Bettina Rheims, offre un regard renouvelé sur le processus de création à travers une sélection d’archives inédites choisies par la photographe.