Gröna Lund
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Shortlist Prix du livre d’auteur des Rencontres d’Arles 2024
Date de parution : 01/11/2023
Poids 385 g / Dimensions 20 x 29 cm / 61 pages
ISBN 9791280978066
“Parlant de sa relation avec Naples, Lea Vergine a dit un jour que c’était la seule ville qui n’avait pas de ghetto. Remarquant “pensez-vous qu’un Napolitain se soucie de savoir si vous êtes juif ou quoi que ce soit d’autre ?”. Cette nonchalance à l’égard de l’autre, par qui l’on veut être regardé, mais qui échappe toujours au jugement, est ce que je trouve dans les clichés d’Anders Petersen. Une sorte de fuite permanente, une capacité à ne parler que par fragments. Pourtant, on peut tout trouver dans ces fragments : il y a de l’ironie et de la sensualité, et une sorte de noblesse ancienne, il y a de l’abandon à l’œil de l’artiste, oui, mais jamais complètement. Il y a la confiance, cependant. La confiance et le défi marchent toujours ensemble sur ces chemins, dans un degré indéterminé : le sujet les fixe à chaque fois, ou le photographe les trouve dans ce seul mouvement possible qui fonde une relation, c’est-à-dire la rencontre.
Ces photographies naissent dans cet espace indéterminé, qui relève plus de l’âme que de la topographie, à la croisée de l’imagination de Petersen et de la réalité hyperbolique qu’il – ou mieux, que nous – croisons. Ainsi, il nous la restitue de la seule manière dont elle peut être restituée. Personne ne saura jamais comment façonner ce chaos, mais nous pouvons, par nos yeux observateurs, à la fois nous l’approprier et en faire partie, tout en sachant qu’il va muter, nous échapper, se trahir, et que ce que nous voyons ne sera vrai qu’à l’instant même où il s’est produit. Jamais auparavant je n’avais pu retrouver, comme dans cette œuvre d’un homme si éloigné par ses origines de la culture méditerranéenne, les mots utilisés par Fabrizia Ramondino dans sa biographie Star di casa de 1991 : “Naples, où il est si difficile de vivre et si tentant de partir, qui est si difficile à abandonner et qui oblige toujours à revenir, devient, plus que tout autre, le lieu emblématique de la condition humaine générale de notre époque : se retrouver sur une planète inhabitable et pourtant savoir que c’est la seule que l’on puisse appeler pour l’instant sa maison.”
Valeria Parrella