delpire & co a le plaisir de présenter les derniers travaux de Moyra Davey et Justine Kurland dans le cadre de « Bonds of Love », une exposition réunissant les œuvres communes et personnelles des deux artistes.
« Bonds of Love » présente une série de travaux collaboratifs traitant d’interdépendance, d’héritage, d’adoration et d’autorité mêlant collages, photos et œuvre postale.
Moyra Davey articule l’un des points de départ de l’exposition à travers son étude comportementale des couples d’animaux. L’artiste observe notamment les façons qu’ont les chevaux de se protéger et de prendre constamment soin les uns des autres. Davey les immortalise tête-bêche, chassant avec leurs queues les mouches qui les entourent. Par la même occasion, elle parle de la relation qui lie les humains aux chevaux, de l’échange et de la confiance mutuelle qui naît, puis s’établit, à travers les rituels de soins réguliers.
Justine Kurland présente sept photographies de Davey et son cheval Bella, toutes empreintes de vulnérabilité, d’étrangeté et de mélancolie. Les tirages contact, de petit format, dévoilent l’intimité artistique et affective qui lie la photographe à ses deux sujets. Les instantanés saisis par Kurland révèlent également le lien privilégié que Davey partage avec sa monture : leurs corps deviennent miroirs, se substituent l’un à l’autre au fil des images ; le petit gabarit de Davey se retrouve éclipsé, voire absorbé par la musculature imposante de Bella. Les performances du duo, singulières et partagées, transparaissent dans les titres des photographies : Spooning, Mouthing, Riding, Turning.
L’exposition présente également une série de collages issus du projet « SCUMB Manifesto » de Kurland. Dans ce travail engagé, qui porte l’ambition de créer un espace canonique pour les femmes, l’artiste découpe des livres de photos en fonction des caractéristiques de leurs auteurs : hommes, blancs, hétérosexuels. Les collages recto-verso de Nus montrent des fragments de corps entrelacés en couches successives : bras, torses, seins, entrejambes et jambes de femmes se chevauchent jusqu’à s’emmêler au fur et à mesure des découpes. Une multitude de liens se retrouvent rompus et transposés — entre un étudiant en photographie et ses maîtres élevés au rang d’idoles ; le corps féminin capturé par le photographe masculin ; le livre comme véritable pavé autoritaire et son jeu itératif sans fin.
La dernière pièce de l’exposition est une œuvre postale en plusieurs parties réalisée par Davey. Depuis 2009, l’artiste est revenue à une forme dépouillée de la photographie : elle plie, scotche et timbre des tirages qu’elle envoie ensuite aux lieux d’exposition par la poste. Ainsi, chaque image porte les marques de sa propre odyssée, de son départ du studio de Davey à son arrivée aux murs de la galerie. L’œuvre finale, rappelant l’étude de Muybridge, comprend une série de dix photographies d’un couple de chevaux, debout, chanfrein contre croupe, symbolisant à eux deux un lien inébranlable de maintien mutuel.