Early Works

Un album excentrique documentant les années scolaires d’Ivars Gravlejs en Lettonie dans les années 1990. À 11 ans, Gravlejs a fait l’acquisition d’un appareil photo, très vite utilisé dans une rébellion effrénée contre l’autorité de l’école. Gravlejs écrit : “J’avais souvent la nausée avant d’aller à l’école à cause de l’humiliation que me faisaient subir mes professeurs. La seule façon de survivre à l’école était de faire quelque chose de créatif – prendre des photos et faire des films.”

Early Works est une satire des règles et des principes esthétiques du monde des adultes. Huit sections retracent les différentes phases de la curiosité encyclopédique de Gravlejs, notamment “Conceptuel”, “Pop art” et “Actions”, reprenant les tropes de l’art contemporain, dans des émanations du readymade (un stock pop art de canettes de soda), de fausses reconstitutions historiques (des soldats de plomb au combat) et des compositions surréalistes (l’union érotique d’œufs et d’une saucisse). Dans toutes les images, Gravlejs utilise le geste artistique comme un instrument d’anarchie, ridiculisant ses camarades de classe et ses professeurs dans des montages diaboliques, remportant de petites victoires dans le domaine de l’image. Le pandémonium règne, alors que le jeune Gravlejs change de forme au fil des pages, faisant ici semblant d’être “ivre mort”, étalé comme un adulte ivre, et là, pris dans un faux acte de terrorisme, déplaçant des rails de chemin de fer avec des lunettes noires théâtrales.

En rédigeant des légendes qui offrent des vignettes d’une honnêteté sans faille pour expliquer chaque image, le ton de Gravlejs est celui de l’autodérision totale ; et pourtant, nous ne sommes jamais tout à fait sûrs de la proximité de Gravlejs avec le prodige de Early Works – comme un moi plus jeune qu’il taquine, parodie et utilise pour se venger de la société, mais aussi comme un protagoniste issu d’un monde d’appropriation, de manipulation et d’intervention.